court-métrage

PETIT FILS

Dès le départ, nous avions avec Romuald le désir de conjuguer deux types d'approches afin de constituer notre principe esthétique. D'un côté, les numéros seraient filmés de manière spectaculaire (grue, multiplicité des points de vues) alors que les scènes de vie garderaient une approche naturaliste.
Après avoir envisagé différentes options, Romuald a bataillé ferme pour qu'on puisse tourner une partie du film dans un véritable cirque en activité. C'est donc le cirque Medrano qui nous accueilli sur 3 jours de tournage, pendant lesquels nous avons du nous caler sur le rythme frénétique des représentations.
Au delà des contraintes (horaires des représentations, environnement bruyant), il me semble que ce choix apporte la vie nécessaire et précieuse à l'incarnation de l'histoire. Les séquence "hors chapiteau" sont pour moi ce qu'il y a de plus réussi dans le film. Le décor réel (ses crottes d'éléphant, ses clowns errants, son chapiteau fushia) apportant toujours son lot d'imprévu.

Nous ne pouvions filmer notre comédien/acrobate au milieu de la représentation du cirque Medrano (impossible de créer un numéro pour lui, le chapiteau ne disposant pas de fil pour funambule)... Dans le cirque trouvé pour tourner ces séquences (école de cirque à Chatellerault), impossible de réunir 200 figurants... Un de nos deux acteurs principal a 80 ans et doit marcher sur un fil à 4m de hauteur : combien de prises pouvons-nous lui demander ? Dans l'histoire, notre héros doit effectuer un salto arrière à 6m de hauteur. De toute sa carrière d'acrobate, il n'a jamais effectué une telle figure à cette hauteur... etc...
Autant de problèmes auxquels l'économie d'un court-métrage ne peut répondre qu'avec astuce et inventivité.

C'était un tournage en mouvement permanent, où l'on a du sans cesse rebondir face aux contraintes. Tant au niveau des séquences, de leur ordre de tournage, que de leur contenu. Romuald et nous tous avons du s'adapter en permanence au "réel" apporté par le cirque Medrano. A 13h50, nous étions dans la caravane prêté par un clown russe pour improviser une courte scène de jeu, à 14h30 nous devions filmer le numéro de jonglage d'un jeune prodige chinois, à 15h45 être prêt pour compléter nos rushes du salut final interrompu la veille, etc...
Toutes ces contraintes ont apporté leur lot de défi à relever, d'adrénaline, d'imprévus salvateurs, et parfois d'impasses. Mais quand je regarde les rushes, je me demande comment on a pu faire tout ça en 5 jours !